Il est toujours bon de rappeler une évidence, surtout quand les principaux responsables refusent de la voir :
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Qui tue l'industrie musicale, le jeu vidéo ou le discernement ?
Rangez l'Hadopi, planguez la riposte graduée et (re)scellez Albanel dans sa cave. On vient de trouver un nouveau coupable pour la chute des ventes de musique. Dans un article concis et basé sur des faits, Charles Arthur du Guardian exhume sur 10 ans les chiffres d'affaire de différents secteurs de l'industrie du divertissement, afin de comparer leurs croissances respectives. Le jeu vidéo, la musique, les DVD et la location de DVD sont empilés sur des colonnes qui indiquent avec un peu de recul la tendance du marché.
Bien que cette analyse se concentre sur l'Angleterre, elle souligne des points importants que l'industrie du disque se garde bien de diffuser.
Charles Arthur, cite un rapport établi par le Strategic Advisory Board for Intellectual Property, disant que plus de 7 millions d'anglais téléchargent illégalement une masse de contenus partagés s'élevant à 12 milliards de livres sterling par an.
Dans un élan d'intelligence qui compenserait presque la stupidité de l'industrie du disque, Arthur lance "Pourquoi l'industrie musicale persiste à dire que chaque téléchargement est une vente perdue ? Si vous y réfléchissez, ça ne peut pas être possible. Les gens, même ceux qui téléchargent, n'ont qu'un montant d'argent défini. Auparavant, ils auraient surement acheté ces disques. Mais si vous les empêchez de télécharger, est-ce qu'ils vont se masser devant les magasins pour acheter ces chanson ? Je ne pense pas. Je pense qu'ils font autre chose. Je pense qu'ils dépensent leur argent sur autre chose".
En reprenant depuis 1999, Arthur a décidé de comparer la croissance d'autres sectaurs du divertissement qui pourraient séduire les jeunes susceptibles d'acheter de la musique ou d'en télécharger. Il explique que la collecte d'information n'a pas été aisé, puisque l'ELSPA, le groupement des éditeurs de jeux européens n'a aucune statistique à transmettre, et que le BPI représentant les maisons de disques a refusé de communiquer ses chiffres optimistes antérieurs à 2004. Les seuls organismes transparents ont été le British Video Association et le UK Film Council.
De tous ces chiffres, Arthur retient qu'en 10 ans, le chiffre d'affaires des jeux vidéo est passé de 1,18 à 4,03 milliards de livres, pendant que l'industrie du disque est passée de de 1,94 à 1,31 milliards. De leur côté, les ventes et locations de DVD ont doublé, croissant de 1,28 à 2,56 milliards.
Qui est donc le coupable, selon Arthur ? Le jeu vidéo. L'argent qui ne va pas dans une galette de musique va dans une galette de jeu.
Un coupable malgré lui. Charles Arthur explique que la réalité des choses repose sur le choix. Le consommateur a le choix entre "un jeu à 40 livres qui lui durera des semaines, ou un CD à 10 livres avec deux super pistes et huit bouses." Arthur pense que les consommateurs choisissent le jeu, et téléchargent ces deux bonnes pistes qu'il paieront 99 centimes chacune sur iTunes.
Arthur appelle ce comportement "la dépense prudente", une attitude qui pousse le consommateur à sélectionner ce qu'il veut acheter, à profiter de ce choix à la carte qu'offre la distribution numérique. Pour le chroniqueur, c'est l'explication la plus plausible de la débâcle dans l'industrie du disque, qui n'arrive plus à refourguer ses albums-d'un-single. Ce qui détruit cette industrie, c'est son archaïsme et son manque de réalisme, et certainement pas le téléchargement illégal, comme elle aimerait le faire croire.
La sélection naturelle a commencé, et rien ne pourra empêcher les dinosaures comme Pascal Nègre de finir dans une vitrine de musée, entre le Dodo et le Coelacanthe.